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Samedi 21 mars 2020

 

Covid 19 – Confinement – Semaine 1 
Crise sanitaire – Crise de la concentration

Crédit photo : Angelo Lacancellera 

Crise sanitaire, crise de la concentration

Je dois avouer qu’en ces temps de crise sanitaire, de confinement chez soi, il m’est très difficile de me concentrer.

Alors tout d’abord, je présente mes excuses à tous ceux qui n’ont pas reçu ce que je devais leur envoyer. 

 Je suis bloquée, prostrée. J’écoute tout au long de la journée France Inter. Je me réfugie dans ma cuisine pour faire pétiller les papilles de mes enfants. J’arrive à occuper mes mains un peu, par de petits bricolages pour préparer les décors pour plus tard, mais tout est très difficile.  

C’est étrange parce que depuis toujours, je travaille chez moi. Mais d’ordinaire, quand les enfants sont à la maison, en période de vacances scolaires, je lève un peu le pied pour partager du temps avec eux. Mais, là, ce n’est pas comme d’habitude, ce ne sont pas les vacances, et du coup : blocage total !

La culpabilité 

Pour limiter ma culpabilité, je me dis que c’est certainement normal face à un tel bouleversement de vie, face à la mort potentielle, il y a un état de sidération. Il faut encaisser, s’adapter, redéfinir sa façon de vivre. Je me sens inutile et pour la première fois de ma vie, je regrette de ne pas avoir présenté le concours d’infirmière après avoir échoué à mon concours de sage-femme. En effet, si j’en avais les compétences, je pourrais être actrice et non spectatrice de cette crise. Je pourrais être utile et servir à quelque chose. 

Communiquer 

Je trouve tellement maladroit de continuer à communiquer sur le mariage quand des gens sont entre la vie et la mort, quand tout le personnel hospitalier donne tout pour sauver le maximum, quand certains ne pourront pas assister aux funérailles de ce qu’ils aiment parce qu’ils ne sont pas dans le premier cercle de vie du défunt. 

Les premiers jours j’ai partagé mes recettes du jour, mais même ça, je n’ai plus envie.  

Crédit photo : Valérie Raynaud

C’est une sacrée tempête  

Comme à chaque fois que j’ai subi des tempêtes dans ma vie, d’habitude d’ordre personnel, je ressens plein de doutes concernant ma place dans mon métier. A chaque fois, j’ai le sentiment que ce métier n’est pas fait pour moi. Mais je crois finalement qu’en fait, à chaque fois que je suis fragilisée, je ne peux pas travailler aussi bien que je le souhaiterais. Et comme je suis moins absorbée par mon métier, il manque en fait un bout essentiel de moi. A chaque fois que n’opère pas ce processus créatif qui revêt diverses formes de par les diverses étapes qu’il comprend, je perds pied. 

 

La productivité  

En général, je suis sans cesse en action. Du matin au soir, je trouve toujours quelque chose à faire, et quand le soir, je me glisse sous ma couette, c’est un vrai plaisir, comme une récompense de se délecter d’un roman qui m’emporte ailleurs.
Là, je ne me sens pas productive. Par le confinement, je suis coupée des gens, de vous. Comme si tous les fils qui me tiennent debout tel un pantin, sont rompus. Aucune circulation d’énergies. Comme si j’étais HS. 

 

Sagesse et philosophie 

Alors, je me dis qu’il faut accepter, faire preuve de philosophie pour laisser à l’esprit le temps de s’adapter. Je sais que d’autres personnes dans mon entourage, qui comme moi ont l’habitude de travailler chez elles, ont la même difficulté à travailler, se concentrer … Chacun le vit différemment. J’essaie de faire de sagesse pour ne pas trop me tourmenter. Certainement que quand mon esprit, mon corps, mon psychisme auront intégré tous ces changements, je retrouverai toute mon énergie créative, la concentration, l’inspiration, la connexion qui permettent de transformer l’imaginaire en réel …
En attendant, je crois qu’il faut que j’arrive à lâcher prise pour me ressourcer pleinement pour continuer dès que je serai prête.